Enrico Macias

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Nous tenons tous à te remercier pour nous perpètuez la nostalgie de la musique constantinoise.

Un grand MERCI Gaston.

Enrico Macias

Gaston est né le 11 décembre 1938 à Constantine dans le foyer de Sylvain et Suzanne Ghrenassia. Un deuxième petit garçon, Jean Claude, viendra bientôt agrandir le cercle familial. Les deux enfants sont éduqués dans le respect de la religion, de la famille et des différentes cultures qui se cotoient. Papa Sylvain, après avoir exercé un temps la profession de représentant de commerce puis celle de comptable, devient violoniste professionnel dans l'orchestre de Raymond Leyris dit Cheikh Raymond . Suzanne, mère attentive et protectrice s'occupe de ses enfants et de son foyer. Une troisième personne comptera énormément pour le petit Gaston : il s'agit de sa grand mère qui l'entoure de toute sa tendresse et qu'il appelle sa seconde maman.

Le petit Gaston grandit comme tous les enfants de son âge entre l'école et les jeux dans la rue, avec les copains, sous le soleil éclatant de Constantine. Pourtant, très tôt, il est obsédé par la musique. Son compagnon de jeux, dès le plus jeune âge, est un vieux violon de son grand père qu'il traine partout derrière lui. Un peu plus tard, il se fabriquera des guitares avec quelques planches de bois et des élastiques en guise de cordes. L'atmosphère familiale est baignée des répétitions musicales qui se déroulent à la maison et des concerts que l'on va voir le dimanche. Mais son plus beau cadeau en la matière, c'est sa grand mère qui le lui fera pour ses 15 ans, lorsqu'elle lui offrira sa première guitare.

Dans le même temps, le petit Gaston est aussi très rapidement confronté à l'insécurité des guerres. D'abord avec la guerre de 39-45 ; son papa sera mobilisé deux fois durant cette période puis avec les horreurs de la guerre civile qui s'annonce dès 1954.

Gaston est un élève studieux et intelligent. Il va d'abord à l'école Montesquieu juste à côté de sa maison, puis il entre au lycée d'Aumale. Mais les évènements se déchainant et l'insécurité s'installant, ses parents décident de l'envoyer finir ses études secondaires en France, au lycée François 1er de Fontainebleau. Il y reste trois années, entrecoupées du retour au pays durant les vacances scolaires et obtient son baccalauréat en 1959.

En partant de la gauche, on peut reconnaitre Gaston, son papa Sylvain et Cheikh Raymond Leyris. Si quelqu'un peut me donner les noms des autres musiciens, c'est avec plaisir que je les noterai.

   Sylvain, le papa de Gaston est violoniste dans l'orchestre de Cheikh Raymond , grand maître du Maalouf qui est la forme constantinoise de la musique arabo-andalouse. Nous avons vu que le petit Gaston a été dès son plus jeune âge obsédé par cette musique et dès l"instant où il reçoit sa première guitare des mains de sa grand mère, cet instrument lui devient indispensable. D'abord, il apprend seul à en jouer, en cachette. Sylvain, son papa, ne veut pas qu'il devienne musicien et souhaite pour son fils une carrière de professeur ou d'ingénieur, métiers qu'il juge plus sérieux. Pourtant, un jour, Gaston se risque à jouer devant ses parents, puis, quelques jours plus tard, devant la foule d'invités lors de la Bar-mitzva de son frère. C'est pour tous une découverte, sauf peut être pour Raymond qui l'encourageait déjà dans ses efforts.

   A partir de cet instant, Raymond Leyris le prend en main et Gaston devient "son élève". IL le forme, l'instruit, le modèle avec précision et exigeance mais avec gentillesse et compréhension. Il lui enseigne la rigueur, le goût de la perfection, l'humilité. Assez rapidement, Il participe à certains concerts donnés par l'orchestre de Cheikh Raymond. Pas autant que le souhaiterait pourtant Gaston, car, à cette époque les débits de boisson étaient interdits aux mineurs. Alors, parce qu'il a une envie irrésistible et insatiable de jouer, il trouve un subterfuge et se produit, en cachette, aux terrasses des cafés avec une troupe de gitans amis. C'est auprès d'eux qu'il acquiert le surnom prémonitoire de "petit Enrico".

    Mais la guerre est là et l'insécurité grandissante pousse Sylvain a envoyer son fils finir ses études en France. Les longues périodes d'éloignement sont heureusement entrecoupées par les vacances qui lui permettent de retrouver sa famille mais aussi l'orchestre de Tonton Raymond et Suzy , sa promise, qui n'est autre que la fille de Raymond Leyris.

   Après l'obtention de son bac, et de retour au pays, il accepte, pour faire plaisir à son papa, un poste de surveillant. Puis il sera rapidement nommé sur un poste d'instituteur à Chateaudun du Rumel (actuellement Chelghoum Laid) , à une soixantaine de kilomètres de Constantine. Les week ends, il rentre dans sa famille, toujours pour jouer avec Tonton Raymond et retrouver Suzy. Quelques fois, il chante aussi ses propres compositions au casino de Constantine. Encouragé par ses amis, il se présente à un radio crochet dont il remporte le premier prix.

   Parallèlement à ces temps de bonheur, il y a aussi la violence, les attentats et les sabotages qui se multiplient. Au printemps 1961, Sylvain et Raymond décident de partir à Paris pour trouver un éventuel lieu d'accueil pour leurs deux familles. Début juin, en mal du pays, Raymond Leyris rentre à Constantine. Quelques jours plus tard, le 22 juin 1961, il est assassiné sauvagement dans la rue. Cet attentat horrible est un véritable drame pour les familles Leyris et Ghrenassia. Pour Gaston, c'est un choc terrible de perdre cet homme qui l'a compris et soutenu et lui a tout appris de sa musique. Ce lache assassinat sonne l'heure du départ et Gaston et sa famille embarqueront pour la métropole le 29 juillet 1961. C'est durant la traversée, exprimant sur sa guitare toute sa détresse, qu'il composera " j'ai quitté mon pays, j'ai quitté ma maison ".   

L'arrivée de Gaston avec ses deux familles sur le sol de la Métropole le met vite face à ses responsabilités. Il faut trouver rapidement de quoi subsister. Il est décidé à tenter sa chance dans la chanson et il commence à courir les cabarets pour trouver des engagements. En septembre, il retourne, seul, à Chateaudun du Rhumel où il occupe toujours son poste d'instituteur. Il revient à Paris pour les vacances de Noël puis en Février 1962 pour épouser enfin la femme de tous ses rêves, sa promise, Suzy . Il retourne à Chateaudun jusqu'à la fin de l'année scolaire puis, face à l'inéluctabilité des évènements regagne la Métropole définitivement.

   De nouveau à Paris, il prend son courage, sa détermination et sa guitare et reprend sa course de cabarets en cabarets pour décrocher un contrat. Il essuie les sifflements, les huées mais ne se décourage pas malgré toute la tristesse qui l'assaille par moments. Il va aussi chanter dans les restaurants fréquentés par ses compatriotes.

   Introduit par son papa chez Pathé Marconi, il enregistre son premier disque  sur lequel figure "Adieu mon pays". Au moment de l'impression de la pochette, on lui demande de trouver un nom de scène un peu plus facile à retenir pour le public. Il se souvient du surnom qu'il avait lorsqu'il chantait avec les gitans à Constantine, "le petit Enrico". Va pour le prénom ENRICO ! Pour le nom de famille, c'est moins facile. Il pense simplement racourcir son propre patronyme et choisit Nassia. Il appelle donc la maison de disque et laisse le message à la secrétaire, ce sera Enrico Nassia. Y a t'il mauvaise compréhension au téléphone, confusion avec le nom d'un boxeur de l'époque, Rol Raton Macias ??? Lorsque le disque sort enfin, quelle n'est pas la surprise de Gaston de découvrir l'impression : ENRICO MACIAS !  Ce qui est fait, est fait. On ne peut plus rien y changer. Un nouvel artiste est né et 45 ans plus tard on le connait toujours sous ce nom de scène désormais célèbre à travers le monde.

   Dans le même temps, Enrico décroche un premier contrat pour passer en fin de soirée dans un cabarat de Pigalle le "Robinson-Moulin-Rouge". A ce propos, je ne peux m'empêcher de vous retranscrire une anecdote qu'Enrico raconte dans son livre "Non, je n'ai pas oublié" car je pense que, comme moi, tous les fidèles feront le rapprochement avec des instants que nous vivons dans chacun de ses concerts. C'est le premier passage d'Enrico dans ce cabaret. Il est tard dans la nuit. C'est le temps des yé-yé, du rock'n roll et les clients ont, entre autres artistes, applaudi Johnny Hallyday au cours de la soirée. Au moment d'entrer en scène, Enrico est très anxieux. Il ne joue pas dans le même registre et sa première chanson est accueillie avec froideur par des spectateurs endormis. En réaction à cet affront, il a l'idée géniale de "baisser le micro, placer sa guitare de face, dans son dos, et d'une main, il attaque l'introduction d'"Adieu mon pays". Son public est conquis et une salve d'applaudissements salue la fin de sa chanson. Il a gagné !

   Mais ce n'est pas la fin des galères pour autant. Son contrat terminé au "Robinson-Moulin-Rouge", il continue de courir le cachet à Paris, puis sur la côte d'Azur durant l'été 62. Il se heurte aux radios qui refusent de passer son disque sur les ondes. Fin septembre, il se trouve à Vichy, finissant son contrat dans un petit cabaret, lorsqu'il reçoit un appel téléphonique d'Igor Barrère qui, préparant un reportage pour " Cinq colonnes à la une " sur le problème des rapatriés, souhaite le filmer durant son tour de chant. La première surprise passée, rendez vous est pris pour le 29 septembre au Palais de la Mutualité à Paris où Enrico participe à un gala de bienfaisance pour les rapatriés.

   L'émission passe sur le petit écran le 5 octobre 1962 et est le déclencheur d'un formidable succès, d'une aventure exceptionnelle qui, 45 ans après, dure toujours.

   L'émission " cinq colonnes à la une " du 5 octobre 1962 marque le départ fulgurant du succès d'Enrico Macias. Du jour au lendemain, il est reconnu partout dans la rue, 50 000 de ses disques sont vendus en quelques jours et les contrats commencent à affluer. Devant ce déferlement inattendu, il décide de prendre un impresario :

   Seule ombre au tableau, les radios refusent toujours de passer ses chansons sur les ondes mais heureusement tous les jukes boxes chantent sans relache " j'ai quitté mon pays ". Enrico est engagé à " L'ancienne Belgique " à Bruxelles, puis à l'" ABC " à Paris où il est en supplément au spectacle de Dario Moreno puis d' Amalia Rodriguez . En janvier 1963 , il est à " Bobino " en vedette américaine. C'est là, en sortant de scène, le 10 janvier 1963 , qu'il apprend la naissance de son premier enfant : une petite fille prénommée Jocya .

C'est aussi lors de ce tour de chant, qu'il voit un soir arriver dans sa loge deux pieds noirs qui souhaitent lui proposer un texte de chanson. L'un de ces auteurs s'appelle Jacques Demarny avec qui naitra une amitié et une complicité sans faille qui donneront naissance à nombre de "tubes" d'Enrico". L'autre s'appelle Pascal-René Blanc  qui écrira aussi beaucoup pour notre chanteur préféré. Le texte proposé n'est autre qu' "Enfants de tous pays" pour lequel Enrico trouvera rapidement une mélodie et qui donnera naissance au succès planétaire que nous connaissons, hymne à la fraternité , traduit et enregistré dans toutes les langues.

Durant cette année 1963, Enrico est non seulement devenu le chantre des pieds noirs mais aussi le chanteur de l'amitié, de la fraternité. Mais l'intégration ne se fait pas facilement et les contrats restent modestes. Aussi Enrico est il très heureux de décrocher un contrat au Liban où il est accueilli en véritable vedette. Le public de Beyrouth lui fait une ovation tous les soirs, ne maitrisant plus son exubérance lorsqu'il chante en arabe. De retour à Paris, en réponse à la Ligue Arabe qui lui demande de renier ses origines juives pour préserver la suite de sa carrière au Liban, il envoie un refus catégorique accompagné des paroles d'"Enfants de tous pays". C'est à la suite de cet incident qu'Enrico Macias est interdit dans tous les pays du Moyen orient et ses disques brûlés en place publique.

Durant l'été 1963 , Enrico est en tournée sur les routes de France, remportant un vif succès. Puis c'est aussi le triomphe lors d'un musicorama à l'Olympia qui lui permet de décrocher un contrat comme vedette américaine des compagnons de la chanson dans ce music hall exceptionnel pour le printemps 64 et la reconnaissance, enfin, de Lucien Morisse , programmeur d'Europe 1. C'est également en cette fin 1963, qu'il rencontre un autre ami et collaborateur qui va beaucoup compter pour lui en la personne de Jean Claudric, musicien et arrangeur d'exception.

Musique d' Enrico Macias

Durant les années 64-65, le succès d' Enrico Macias va aller crescendo.

Début 1964 , après une tournée avec Dalida, c'est comme vedette américaine des compagnons de la chanson qu' Enrico passe à l'Olympia . Conscient de l'enjeu de cet évènement, il est habité par l'angoisse et le trac. Mais dès son apparition sur scène, c'est le succès et le public, venu chercher le soleil et la fête, lui fait un triomphe.

Puis c'est la tournée d'été durant laquelle une foule d'admirateurs vient applaudir Enrico, chercher un autographe, lui témoigner son amitié. C'est un soir de cette tournée que se présente un autre musicien d'exception, qui fera lui aussi partie durant de nombreuses années de l'équipe rapprochée d' Enrico : Martial Ayela , chef d'orchestre célèbre en Afrique du nord, multi instrumentiste et, lui aussi, arrangeur de grand talent.

En novembre 1964 , vient au monde Corinne , la fille de Jean Claude, frère d'Enrico, et de Vivianne, la sœur de Suzy.

Au printemps 1965 , et à la demande de Bruno Coquatrix, Enrico voit enfin son nom briller en lettres de lumière, en tant que vedette , au fronton de l'Olympia . Le succès phénoménal qu'il remporte est une étape supplémentaire vers la notoriété. Mais la célébrité ayant toujours son revers, quelques jours avant cet Olympia, Enrico commence à recevoir des lettres de menace et Suzy des appels téléphoniques anonymes. On lui reproche de trahir les rapatriés en chantant "Paris, tu m'as pris dans tes bras" . Cette polémique, qui continuera d'évoluer l'année suivante, amènera Enrico et Jacques Demarny à écrire une réponse en musique à ses détracteurs : "Non, je n'ai pas oublié" .

L' été 65 annonce une nouvelle tournée durant laquelle le passage d'Enrico provoque des émeutes. Partout, on refuse du monde et c'est le délire tous les soirs.

Mais ces moments de bonheur sont subitement obscurcis par un drame aussi inattendu que cruel. Jean Claude, le frère d'Enrico, décède dans un accident de voiture, non loin d'Aix en Provence. C'est le désespoir, l'anéantissement pour Enrico et sa famille. En pleine détresse, c'est le soutien du public et de son entourage et les nombreux témoignages d'amitié qui aideront notre chanteur à reprendre la route pour terminer sa tournée.

Cette année 65, pleine de contrastes, de joies et de peines inconsolables, se terminera par deux nouveaux succès musicaux : "Mon cœur d'attache" et "J'appelle le soleil".

S' appelle en réalité Gaston Ghrenassia, naît le 11 décembre 1938 à Constantine en Algérie dans une famille juive. Il suit sa scolarité normalement tout en s'adonnant au plaisir de la musique, celui de la guitare en particulier. Son père (cheikh sylvain grenassia) violoniste dans l'orchestre de Cheick Raymond Leyris, grand maître du maalouf , musique arabo-andalouse spécifique du Constantinois.

Dès l'âge de 15 ans, le jeune Gaston se retrouve dans cet orchestre prestigieux et devient rapidement l'éventuel successeur de Cheick Raymond.

En 56, il obtient son baccalauréat et postule pour avoir une place de surveillant dans une école. La musique ne semble pas lui proposer un métier d'avenir. Comme il y a un manque d'effectif notoire dans l'enseignement, il est embauché comme instituteur. Il continue néanmoins à pratiquer la guitare.

Enrico Macias est décendu avec ca famille à Paris et de là, il es devenu pour nous l'un des plus grand de la musique francaises, avec " j'ai quitté mon pays ". Nous tenons tous à te remercier pour nous perpétuez cette nostalgie, dans la musique constantinoise. Un grand MERCI Gaston.

 

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